Il a survolé, samedi dernier, le match de gala inaugural du complexe Invincible Sports Park de Monrovia avec un splendide doublé, qui a permis à l’équipe des anciens internationaux libériens de s’imposer face aux anciennes gloires africaines. George Weah est revenu, pour RECORD, sur ce moment de partage et de communion. Le Ballon d’Or France football 1995 et actuel président de la République du Liberia a évoqué ce trophée qu’aucun autre Africain n’a gagné.
Président, ce parterre d’anciennes gloires du continent qui ont répondu à votre invitation a fait de Monrovia la capitale du football africain, le temps d’une inauguration…
C’est un grand plaisir pour moi de partager un week-end tout entier avec mes amis du football. Parce que, vous savez, ça fait longtemps qu’on ne se voit plus. Mais, aujourd’hui, nos frères sont venus ici pour fêter avec nous à l’occasion de l’inauguration du complexe sportif que nous avons construit pour la jeunesse et les sportifs du Liberia. Nous avons bâti cette infrastructure, l’Invincible Sports Park, pour les enfants et nos concitoyens. La présence des anciens footballeurs ici rend heureuse toute la population et c’est l’essentiel. Nous aussi on est content car c’est une belle occasion pour nous de revoir nos amis.
Que représente ce complexe pour vous, un ancien footballeur de renom devenu président de la République ?
Je suis très content parce que j’ai joué ici, sur ce terrain, lorsque j’étais enfant. Et j’ai aussi grandi ici avant d’aller en Europe. Donc, en tant que président de la République, je ne pouvais pas laisser ce terrain dans l’état où il était depuis 1986. Je ne pouvais pas continuer à toujours voir les enfants courir sur du sable et jouer dans la boue. Il fallait forcément changer les choses. J’avais honte de passer ici tous les jours pour aller au travail et voir cet espace sans rien faire. C’est pourquoi je me suis engagé à construire cette infrastructure.
Est-il possible que le développement du Liberia passe également par celui de son sport ?
Vous avez bien noté que depuis 3 ans, tout a changé dans ce pays. Nous sommes sur la voie du développement. Aujourd’hui, notre gouvernement a son propre siège. Nous sommes le plus vieux pays de l’Afrique (le Libéria est fondé en 1822 pour y installer des esclaves noirs d’Amérique libérés, ndlr). Dans tous les quartiers, des routes ont été construites. Ça faisait plus de 100 ans que tout le monde paye pour aller à l’école, aujourd’hui, les écoles publiques sont totalement gratuites. Tout le monde sait que le Liberia a une population démunie. Donc, j’ai fait en sorte que tout soit gratuit dans le pays.
Premier et jusque-là seul Africain à avoir décroché le Ballon d’Or France Football, derrière vous serait-ce le désert ?
J’ai beaucoup espoir de voir bientôt un Africain gagner le Ballon d’Or. Mais il faudra que les footballeurs du continent travaillent encore pour arriver au sommet. Dans notre génération, c’est moi qui ai été récompensé. Mais, pour la génération actuelle, j’espère que quelqu’un va nous honorer et remporter ce trophée. En tout cas, je suis convaincu que ce sera pour très bientôt. Parce qu’on a aujourd’hui beaucoup de grands joueurs à l’image de Sadio Mané ou Mohamed Salah qui font parler d’eux sur les différentes pelouses européennes et africaines. Ils sont de véritables ambassadeurs du continent.
Justement, pensez-vous que Sadio Mané et Mohamed Salah ont la chance de remporter le prochain Ballon d’Or France Football ?
J’estime qu’ils ont toutes leurs chances. Mais je pense aussi qu’il ne faut pas qu’ils fassent du Ballon d’Or une obsession. Ils devraient plutôt se concentrer sur leurs performances et essayer de s’améliorer davantage. Il ne faut pas qu’ils se mettent la pression inutilement. Je leur conseille de travailler, et essayer de faire de bons matches. Moi, quand je jouais, ce n’était pas pour remporter le Ballon d’Or. C’était plutôt pour nourrir ma famille. Je me suis toujours battu pour sortir ma famille de la misère. C’est ainsi que j’ai été récompensé du trophée.
Et, concrètement, qu’est-ce qu’il faut pour arriver à remporter ce réputé trophée individuel ?
La règle d’or, c’est le travail et la discipline. Pour nous ce n’était pas facile non plus. Je me rappelle, après que j’ai gagné le Ballon d’Or, j’étais en phase d’en remporter un autre. Mais parce que j’avais mis un coup de tête à Jorge Costa (un défenseur portugais ayant joué au FC Porto, ndlr), ça m’a filé entre les doigts. Ce n’est pas grave, ainsi va la vie. Nous, on sait que c’était très difficile quand on était en Europe. Au début, bien qu’on jouait en Europe, les Africains n’étaient pas concernés par le Ballon d’Or. C’est seulement en 1995 qu’ils ont changé ce règlement et ils l’ont ouvert aux non-Européens. Sinon si on était concerné depuis le début, je suis sûr que les Africains allaient être 5 ou 6 fois Ballon d’Or. Car des joueurs moins talentueux que nous l’ont remporté. Mais, aujourd’hui, je souhaite que mes jeunes frères le gagnent. Ils devront continuer à travailler pour s’améliorer et ne pas se focaliser sur cette récompense.
Les pays africains peuvent-ils faire bonne figure à la Coupe du monde 2022 en novembre-décembre au Qatar ?
Les pays africains ont leurs chances dans cette Coupe du monde. Mais, je pense que pour voir un jour une équipe africaine gagner le Mondial, il faudra d’abord qu’on s’arrête un peu pour voir ce qui manque au football africain. La meilleure équipe nigériane est allée en Coupe du monde et n’a pu rien faire d’extraordinaire. Tous les grands pays africains qui se sont déjà rendus au Mondial n’ont pas réussi à s’imposer. Mais je crois qu’il est temps de bousculer la hiérarchie et de se faire une place de choix à la Coupe du monde. Parce qu’on a beaucoup de talents.
Un pays comme le Sénégal peut-il prétendre faire mieux que le quart de finale d’un Mondial ?
Tous les pays peuvent le faire. Mais il faudra bosser dur. À la Coupe du monde c’est le très haut niveau. Ce n’est pas une partie de plaisir. Vous voyez, avec mes amis aujourd’hui, on a battu les légendes par 4-3. Ce qui veut dire que ce n’est pas seulement pour jouer, mais c’est aussi pour gagner. Eux ils sont des joueurs de qualité, mais c’est nous qui avons gagné. Pour la simple et bonne raison que mes amis et moi avions envie de gagner devant les grands noms du football africain. Ils ont des Ballons d’Or africains dans leurs rangs mais c’est nous qui avons gagné. Ce sera comme ça à la Coupe du monde, les pays africains comme le Sénégal doivent se donner à fond pour y arriver. On va les supporter tous.
Source : Record
Président, ce parterre d’anciennes gloires du continent qui ont répondu à votre invitation a fait de Monrovia la capitale du football africain, le temps d’une inauguration…
C’est un grand plaisir pour moi de partager un week-end tout entier avec mes amis du football. Parce que, vous savez, ça fait longtemps qu’on ne se voit plus. Mais, aujourd’hui, nos frères sont venus ici pour fêter avec nous à l’occasion de l’inauguration du complexe sportif que nous avons construit pour la jeunesse et les sportifs du Liberia. Nous avons bâti cette infrastructure, l’Invincible Sports Park, pour les enfants et nos concitoyens. La présence des anciens footballeurs ici rend heureuse toute la population et c’est l’essentiel. Nous aussi on est content car c’est une belle occasion pour nous de revoir nos amis.
Que représente ce complexe pour vous, un ancien footballeur de renom devenu président de la République ?
Je suis très content parce que j’ai joué ici, sur ce terrain, lorsque j’étais enfant. Et j’ai aussi grandi ici avant d’aller en Europe. Donc, en tant que président de la République, je ne pouvais pas laisser ce terrain dans l’état où il était depuis 1986. Je ne pouvais pas continuer à toujours voir les enfants courir sur du sable et jouer dans la boue. Il fallait forcément changer les choses. J’avais honte de passer ici tous les jours pour aller au travail et voir cet espace sans rien faire. C’est pourquoi je me suis engagé à construire cette infrastructure.
Est-il possible que le développement du Liberia passe également par celui de son sport ?
Vous avez bien noté que depuis 3 ans, tout a changé dans ce pays. Nous sommes sur la voie du développement. Aujourd’hui, notre gouvernement a son propre siège. Nous sommes le plus vieux pays de l’Afrique (le Libéria est fondé en 1822 pour y installer des esclaves noirs d’Amérique libérés, ndlr). Dans tous les quartiers, des routes ont été construites. Ça faisait plus de 100 ans que tout le monde paye pour aller à l’école, aujourd’hui, les écoles publiques sont totalement gratuites. Tout le monde sait que le Liberia a une population démunie. Donc, j’ai fait en sorte que tout soit gratuit dans le pays.
Premier et jusque-là seul Africain à avoir décroché le Ballon d’Or France Football, derrière vous serait-ce le désert ?
J’ai beaucoup espoir de voir bientôt un Africain gagner le Ballon d’Or. Mais il faudra que les footballeurs du continent travaillent encore pour arriver au sommet. Dans notre génération, c’est moi qui ai été récompensé. Mais, pour la génération actuelle, j’espère que quelqu’un va nous honorer et remporter ce trophée. En tout cas, je suis convaincu que ce sera pour très bientôt. Parce qu’on a aujourd’hui beaucoup de grands joueurs à l’image de Sadio Mané ou Mohamed Salah qui font parler d’eux sur les différentes pelouses européennes et africaines. Ils sont de véritables ambassadeurs du continent.
Justement, pensez-vous que Sadio Mané et Mohamed Salah ont la chance de remporter le prochain Ballon d’Or France Football ?
J’estime qu’ils ont toutes leurs chances. Mais je pense aussi qu’il ne faut pas qu’ils fassent du Ballon d’Or une obsession. Ils devraient plutôt se concentrer sur leurs performances et essayer de s’améliorer davantage. Il ne faut pas qu’ils se mettent la pression inutilement. Je leur conseille de travailler, et essayer de faire de bons matches. Moi, quand je jouais, ce n’était pas pour remporter le Ballon d’Or. C’était plutôt pour nourrir ma famille. Je me suis toujours battu pour sortir ma famille de la misère. C’est ainsi que j’ai été récompensé du trophée.
Et, concrètement, qu’est-ce qu’il faut pour arriver à remporter ce réputé trophée individuel ?
La règle d’or, c’est le travail et la discipline. Pour nous ce n’était pas facile non plus. Je me rappelle, après que j’ai gagné le Ballon d’Or, j’étais en phase d’en remporter un autre. Mais parce que j’avais mis un coup de tête à Jorge Costa (un défenseur portugais ayant joué au FC Porto, ndlr), ça m’a filé entre les doigts. Ce n’est pas grave, ainsi va la vie. Nous, on sait que c’était très difficile quand on était en Europe. Au début, bien qu’on jouait en Europe, les Africains n’étaient pas concernés par le Ballon d’Or. C’est seulement en 1995 qu’ils ont changé ce règlement et ils l’ont ouvert aux non-Européens. Sinon si on était concerné depuis le début, je suis sûr que les Africains allaient être 5 ou 6 fois Ballon d’Or. Car des joueurs moins talentueux que nous l’ont remporté. Mais, aujourd’hui, je souhaite que mes jeunes frères le gagnent. Ils devront continuer à travailler pour s’améliorer et ne pas se focaliser sur cette récompense.
Les pays africains peuvent-ils faire bonne figure à la Coupe du monde 2022 en novembre-décembre au Qatar ?
Les pays africains ont leurs chances dans cette Coupe du monde. Mais, je pense que pour voir un jour une équipe africaine gagner le Mondial, il faudra d’abord qu’on s’arrête un peu pour voir ce qui manque au football africain. La meilleure équipe nigériane est allée en Coupe du monde et n’a pu rien faire d’extraordinaire. Tous les grands pays africains qui se sont déjà rendus au Mondial n’ont pas réussi à s’imposer. Mais je crois qu’il est temps de bousculer la hiérarchie et de se faire une place de choix à la Coupe du monde. Parce qu’on a beaucoup de talents.
Un pays comme le Sénégal peut-il prétendre faire mieux que le quart de finale d’un Mondial ?
Tous les pays peuvent le faire. Mais il faudra bosser dur. À la Coupe du monde c’est le très haut niveau. Ce n’est pas une partie de plaisir. Vous voyez, avec mes amis aujourd’hui, on a battu les légendes par 4-3. Ce qui veut dire que ce n’est pas seulement pour jouer, mais c’est aussi pour gagner. Eux ils sont des joueurs de qualité, mais c’est nous qui avons gagné. Pour la simple et bonne raison que mes amis et moi avions envie de gagner devant les grands noms du football africain. Ils ont des Ballons d’Or africains dans leurs rangs mais c’est nous qui avons gagné. Ce sera comme ça à la Coupe du monde, les pays africains comme le Sénégal doivent se donner à fond pour y arriver. On va les supporter tous.
Source : Record