Après le désistement successivement du Congo et ensuite de l’Angola pour l’organisation du 29eme Championnat d’Afrique des Nations appelé Afrobasket 2017, la FIBA Afrique s’est tournée vers la Tunisie et le Sénégal pour co-organiser la compétition continentale. Mais depuis l’annonce officielle de cette nouvelle, le Vendredi 30 Juin 2017, les autorités étatiques semblent, hésiter à donner leur total engagement à accueillir ce rendez-vous sportif continental que le Sénégal n’a pas abrité depuis vingt ans, c’est-à-dire en 1997, année du dernier sacre des Lions. Entre temps, les pessimistes de nature et les partisans de l’immobilisme, détracteurs de tout genre ont embouché leur trompette pour annoncer à tout vent la tempête d’un sinistre fiasco qui s’abattrait sur le Sénégal s’il acceptait d’organiser un tel événement dans un délai de deux mois. Quels intérêts le Sénégal gagnerait-il à organiser l’Afrobasket ? Comment effectuer les travaux de réfection du stadium Marius Ndiaye en si peu de temps ? Comment réunir les moyens financiers nécessaires en quelques semaines. Quel est l’intérêt sportif d’organiser juste des rencontres de poules à Dakar et le reste ailleurs ? Ces questions semblent obstruer la vue et nourrissent le pessimisme primaire. Et répondre à ces questions hâtivement et légèrement par la négation est une manière d’occulter les vrais enjeux En réalité l’Afrobasket est une aubaine pour le Sénégal à tout point de vue.
Le Sénégal, pays de Basket-ball au palmarès si élogieux avec 11 titres africains en Dames, et 5 en Messieurs, est aujourd’hui sous les feux de l’actualité du sport continental car au défi de reconquérir l’Afrobasket masculin qu’il s’est légitimement fixé cette année avec une nouvelle génération de joueurs pétris de talents, vient s’ajouter un autre défi. En effet pour gagner l’Afrobasket 2017, il faudrait le jouer d’abord et cela semble poser un problème car après le Congo, l’Angola qui était pressenti par la FIBA Afrique pour abriter la compétition s’est désisté au dernier moment. Et dans l’urgence, la FIBA Afrique s’est tournée vers le Sénégal et la Tunisie pour co-organiser la compétition. Ce nouveau défi de l’organisation qui vient s’ajouter aux objectifs sportifs légitimes de gagner la compétition au vu du potentiel de l’équipe du Sénégal, rend septiques certains. La vétusté du Stadium Marius Ndiaye semble être le principal défi organisationnel. Et cela traduit le retard considérable du Sénégal en termes d’infrastructures sportives modernes, malgré un palmarès aussi extraordinaire. Depuis quelques années, les acteurs du basket-ball sénégalais rencontrent d’énormes difficultés pour organiser des compétitions au stadium Marius Ndiaye surtout en période de saison des pluies. En Juillet 2016, la Finale de la Coupe du Sénégal Messieurs a dû être renvoyée, après plus de 2 heures d’attente que la pluie qui rendait le parquet impraticable s’estompe. Ce spectacle désolant a eu lieu en présence des autorités de la République. Mais le stadium Marius Ndiaye peut bel et bien être remis à neuf en un mois. Pour cela il n’est nul besoin d’être un expert en la matière pour s’en convaincre. Le principal problème est le défaut d’étanchéité de la toiture de la salle. Et cela peut être réparé sans avoir besoin de remettre une nouvelle toiture. Les autres postes de travaux importants sont la réparation des tableaux d’affichage, la remise à neuf des vestiaires et de l’aire de jeu (parquet et panneaux de basket), le système d’aération et les aménagements annexes ( salle d’échauffement, salon VIP, salle de presse). Tous ces travaux peuvent être exécutés dans un délai raisonnable d’un mois sans gêner considérablement l’utilisation parallèle de la salle pour la préparation de nos équipes nationales qui est en cours.
La réfection du stadium Marius Ndiaye pour les besoins de l’Afrobasket serait une aubaine pour le basket-ball local. La remise à neuf de cette seule salle de sport dont nous disposons est un vœu ardent de l’ensemble des acteurs du Basket-Ball sénégalais et même ceux des autres disciplines sportives telles que le Volley-Ball et les arts martiaux qui utilisent aussi l’infrastructure pour leurs compétitions. On ne peut pas développer le sport sans des infrastructures sportives de qualité. Et d’ailleurs il ya un réel paradoxe entre le manque de salles de basket et le palmarès extraordinaire du Sénégal. Comment un pays aussi dépourvu en infrastructures sportives modernes comme le Sénégal est-il parvenu a glané autant de titres en Afrique ! C’est le lieu de reconnaitre le mérite des dirigeants et la qualité des encadreurs techniques qui ont réussi à instaurer, tout au long des années, la culture de la gagne dans le landerneau du basket-ball. Un pays comme la France compte environ 8.000 salles de sport dont plus de 240 sont spécialisées pour le Basket. . Même les pays voisins qui sont très loin d’avoir le palmarés du Sénégal sont aujourd’hui mieux équipés que notre pays en salles de basket. Bamako, Nouakchott, Ouagadougou, Niamey, Abidjan toutes ces capitales disposent d’un palais omnisports. La seule ville de Rabat au Maroc compte plus de 10 salles omnisports. Le Sénégal ne compte seulement que 3 salles de Basket dont l’une (stade Lat-Dior de Thiès), ne disposant pas de parquet. Le Sénégal est tellement en retard en matière d’infrastructures sportives qu’il ne pourrait pas abriter les jeux africains ou encore moins les jeux de la Francophonie. A Mbour, Kaolack, Louga, Ziguinchor, Saint-Louis, les stades qui y abritent les compétitions nationales de Basket-ball sont indignes d’un pays comme le Sénégal qui a un palmarès si étoffé. C’est pourquoi l’Afrobasket 2017 est une excellente opportunité qui occasionnera la réfection du stadium Marius, tant souhaitée par les acteurs du basket-ball sénégalais.
Si le Sénégal ne peut pas réaliser les travaux de rénovation du stadium Marius Ndiaye pour accueillir l’Afrobasket, il y’aurait raison de croire que nous n’avons plus d’Etat car celui bâti par Léopold Sedar Senghor se serait affaissé. Mais fort heureusement qu’il en est rien de tout cela. Le Sénégal a un Etat crédible et une administration qui fonctionne correctement. Et en plus il peut à tout moment compter sur la coopération étrangère s’il en serait besoin pour régler certaines situations urgentes. Il suffit d’une volonté politique pour réussir le pari de répondre positivement à l’appel de l’Afrique. Evoquer les élections législatives prochaines pour renoncer à accueillir l’Afrobasket serait de prêter à tort à nos institutions républicaines un caractère de fragilité par rapport aux joutes électorales et pourtant aux heures les plus sombres de notre jeune histoire, le Sénégal a été secoué mais a su résister. Le Congo et l’Angola sont certes dotés d’infrastructures sportives très modernes et des revenus pétroliers que le Sénégal n’a pas, mais le contexte qui règne dans ces pays n’est pas le même que chez nous. L’Angola, pays le plus titré en basket-ball masculin, qui pourtant a organisé en 1989 un Afrobasket en pleine guerre civile, ne peut pas en 2017 organiser cette même compétition tout simplement à cause d’élections en vue, L’Angola qui aujourd’hui accorde des crédits à son ancien colonisateur le Portugal n’a pas non plus de soucis financiers pour organiser un Afrobasket. Si aujourd’hui l’Angola s’est désisté, c’est parce que le climat politique y est vraiment lourd d’incertitudes avec l’éventualité de la succession du Président Dos Santos, Le Sénégal n’est pas dans ce contexte et la tenue prochaine des élections législatives ne doit nullement compromettre l’organisation d’une compétition sportive dans un pays habitué à des consultations électorales plus ou moins paisibles, malgré les polémiques et surenchères médiatiques des différentes formations politiques.
Ceux qui évoquent le délai très court de deux mois pour accepter un tel défi ne se rendent pas compte qu’une longue période de préparation ne garantit pas la réussite de l’organisation d’un événement sportif internationale. Et l’exemple le plus patent est la tenue des derniers jeux de la Francophonie à Nice où les délégations ont rencontré moult problèmes, d’hébergement, de transport et même de restauration. . Donc si la volonté politique est de mise, le Sénégal peut bel et bien co-organiser l’Afrobasket 2017 malgré les délais courts. Les ressources humaines nécessaires sont disponibles pour faire le travail nécessaire
Ne pas accepter de co-organiser l’Afrobasket 2017 n’est rien d’autre que de compromettre les chances du Sénégal qui, depuis 20 ans courre derrière la reconquête du titre. Et si la FIBA Afrique ne trouve pas de pays hôte pour organiser l’‘évènement, elle serait obligée probablement de le reporter au mois de Décembre 2017 pour trouver un pays organisateur et cela risquerait de poser d’énormes difficultés pour la libération de nos meilleurs joueurs qui sont en NBA et dans les ligues professionnelles européennes. En effet, à cette période, ces joueurs auront déjà repris leurs compétitions auprès de leurs clubs respectifs qui n’accepteraient pas de les libérer pour l’Afrobasket. Par ailleurs cet Afrobasket 2017 est un peu particulier car il sera le dernier de la série biannuelle. En effet, l’Afrobasket se jouera désormais tous les 4 ans ; ce qui veut dire que le prochain du genre n’aura lieu qu’en 2021. Et le Sénégal, fait partie des meilleures équipes qui peuvent prétendre gagner l’Afrobasket cette année. Donc il est tout à fait opportun de mettre toutes les chances de notre côté pour que la compétition ait lieu ce mois de Septembre. Par conséquent, renoncer à co-organiser l’Afrobasket serait contre-productif pour notre basket-ball national.
Et ceux qui pensent qu’il n’y aurait aucun intérêt sportif d’organiser juste des rencontres de poules à Dakar et le reste ailleurs, car le Sénégal n’aurait pas de difficultés majeures à se qualifier au second tour quel que soit le lieu de la compétition, ont tout faux. Le souvenir de notre difficile qualification à cet Afrobasket lors du tournoi de la zone 2 en Mars dernier en est la preuve que cette compétition est de haut niveau. Les équipes adverses sont de plus en plus fortes et se préparent mieux, donc aucune qualification n’est acquise d’avance. Et croire qu’il nous suffit d’avoir de bons joueurs pour garantir notre qualification pourrait être une erreur. Par contre avoir l’opportunité de jouer à domicile serait un réel avantage avec le soutien de notre public. En haute compétition les équipes qui, en général, arrivent à aller jusqu’au terme sont celles qui montent en puissance au fur et à mesure que la compétition progresse. La perte importante d’efforts physiques et mentaux dans le premier tour d’une grande compétition comme l’Afrobasket pourrait compromettre les chances d’une équipe. Le fait de jouer à domicile pourrait, par conséquent, permettre à notre équipe de mieux gérer les efforts pour la suite de la compétition. Avoir l’opportunité de jouer à domicile est donc une motivation supplémentaire pour les joueurs et un avantage considérable pour une équipe compétitive.
Sur le plan financier, le Gouvernement consentira certes des efforts pour l’organisation d’une telle compétition mais toutes ces dépenses, par effet multiplicateur contribueront à l’économie nationale. La demande étant le moteur de la croissance comme le disait si bien l’économiste John Meynard Keynes, les entreprises évoluant dans les services tels que le transport, l’hébergement, la restauration, les télécoms, les médias etc connaitront un regain d’activités. La durée de la compétition est certes très courte mais l’impact économique sera effectif dans des proportions gardées. L’organisation d’une compétition sportive internationale revêt toujours des enjeux économiques. Et le nouveau système de compétition qui sera mis en œuvre par la FIBA à partir de Novembre 2017, favorisera davantage le développement d’activités économiques autour du Basket-ball. Et cela passera par l’exposition médiatique des équipes nationales qui constituent la locomotive qui permettra de faire progresser la discipline sur le plan économique et social.
La vie d’une nation est rythmée par des événements politiques, culturels, sportifs économiques, sociaux etc qui se suivent de manière cyclique. Un Etat doit savoir prendre date avec ses populations, leurs donner l’occasion d’exprimer le sentiment d’appartenance à une même nation,. Le sport est un excellent moyen pour des citoyens de vibrer et de communier ensemble autour des couleurs nationales. Le tournoi de la Zone 2 qualificatif à cet Afrobasket 2017 qui a eu lieu à Dakar du 24 au 26 Mars a été d’intenses moments de ferveur populaire qui ont donné une vive .émotion. Et Antoine Mendy, l’arrière de l’équipe nationale déclarait dans la presse qu’il n’a jamais reçu autant d’amour. Un peuple a besoin de communier et ressentir un tel bonheur autour de son équipe nationale. L’Etat du Sénégal doit donc non seulement accepter d’abriter l’Afrobasket mais aussi de dégager tous les moyens possibles pour que le double défi de l’organisation et de la participation soit couronné de succès. Et ne pas le faire serait de fouler au pied la légende de nos valeureux champions et championnes qui ont inscrit le nom du Sénégal en lettres d’or sur tous les parquets d’Afrique. Refuser d’abriter cet Afrobasket 2017, serait d’oublier le rôle et la place du Sénégal dans le basket-ball africain. Le Sénégal a eu des encadreurs et dirigeants émérites tels que Serigne Lamine DIOP, Ibrahima DIAGNE, Mactar GUENE (Ancien Président de l’AFABA devenue FIBA Afrique), Abdoulaye SEYE MOREAU (qui a dirigé l’AFABA et FIBA Monde dont il est aujourd’hui Président Honoraire à vie et élu au Hall Of Fame de FIBA Monde). Ne pas accepter d’accueillir l’Afrobasket 2017 serait de dévaloriser le basket-ball sénégalais qui, au-delà de ses performances, produit un type de sportif exemplaire à l’image d’un Gordui, Sy DIENG, Maléye NDOYE, Xane DALMEIDA, Maurice NDOUR etc qui servent de modèles à offrir à la jeunesse sénégalaise qui en a tant besoin. Se désengager de l’organisation de cet Afrobasket 2017 serait de ramer en contre-courant du mouvement de l’histoire de notre pays qui s’est toujours distingué en Afrique par la noblesse et la hauteur de ses choix politiques car en réalité c’est de cela qu’il s’agit dire oui ou non à l’appel du pied de l’Afrique. C’est pour toutes ces raisons que tout le peuple sénégalais et en particulier le mouvement sportif, ose espérer que le Président de la République et son Gouvernement diront Oui et feront vite et bien. La FIBA Afrique de son côté doit revoir ses exigences à la baisse pour que tout le monde y gagne. Vive le Basket-Ball ! Vive le Sénégal ! Vive l’Afrique !
M. Ibrahima NIANG
Ibrahima.niang@hotmail.com
Membre Fondateur et Secrétaire Général
Médina Basket Association
Le Sénégal, pays de Basket-ball au palmarès si élogieux avec 11 titres africains en Dames, et 5 en Messieurs, est aujourd’hui sous les feux de l’actualité du sport continental car au défi de reconquérir l’Afrobasket masculin qu’il s’est légitimement fixé cette année avec une nouvelle génération de joueurs pétris de talents, vient s’ajouter un autre défi. En effet pour gagner l’Afrobasket 2017, il faudrait le jouer d’abord et cela semble poser un problème car après le Congo, l’Angola qui était pressenti par la FIBA Afrique pour abriter la compétition s’est désisté au dernier moment. Et dans l’urgence, la FIBA Afrique s’est tournée vers le Sénégal et la Tunisie pour co-organiser la compétition. Ce nouveau défi de l’organisation qui vient s’ajouter aux objectifs sportifs légitimes de gagner la compétition au vu du potentiel de l’équipe du Sénégal, rend septiques certains. La vétusté du Stadium Marius Ndiaye semble être le principal défi organisationnel. Et cela traduit le retard considérable du Sénégal en termes d’infrastructures sportives modernes, malgré un palmarès aussi extraordinaire. Depuis quelques années, les acteurs du basket-ball sénégalais rencontrent d’énormes difficultés pour organiser des compétitions au stadium Marius Ndiaye surtout en période de saison des pluies. En Juillet 2016, la Finale de la Coupe du Sénégal Messieurs a dû être renvoyée, après plus de 2 heures d’attente que la pluie qui rendait le parquet impraticable s’estompe. Ce spectacle désolant a eu lieu en présence des autorités de la République. Mais le stadium Marius Ndiaye peut bel et bien être remis à neuf en un mois. Pour cela il n’est nul besoin d’être un expert en la matière pour s’en convaincre. Le principal problème est le défaut d’étanchéité de la toiture de la salle. Et cela peut être réparé sans avoir besoin de remettre une nouvelle toiture. Les autres postes de travaux importants sont la réparation des tableaux d’affichage, la remise à neuf des vestiaires et de l’aire de jeu (parquet et panneaux de basket), le système d’aération et les aménagements annexes ( salle d’échauffement, salon VIP, salle de presse). Tous ces travaux peuvent être exécutés dans un délai raisonnable d’un mois sans gêner considérablement l’utilisation parallèle de la salle pour la préparation de nos équipes nationales qui est en cours.
La réfection du stadium Marius Ndiaye pour les besoins de l’Afrobasket serait une aubaine pour le basket-ball local. La remise à neuf de cette seule salle de sport dont nous disposons est un vœu ardent de l’ensemble des acteurs du Basket-Ball sénégalais et même ceux des autres disciplines sportives telles que le Volley-Ball et les arts martiaux qui utilisent aussi l’infrastructure pour leurs compétitions. On ne peut pas développer le sport sans des infrastructures sportives de qualité. Et d’ailleurs il ya un réel paradoxe entre le manque de salles de basket et le palmarès extraordinaire du Sénégal. Comment un pays aussi dépourvu en infrastructures sportives modernes comme le Sénégal est-il parvenu a glané autant de titres en Afrique ! C’est le lieu de reconnaitre le mérite des dirigeants et la qualité des encadreurs techniques qui ont réussi à instaurer, tout au long des années, la culture de la gagne dans le landerneau du basket-ball. Un pays comme la France compte environ 8.000 salles de sport dont plus de 240 sont spécialisées pour le Basket. . Même les pays voisins qui sont très loin d’avoir le palmarés du Sénégal sont aujourd’hui mieux équipés que notre pays en salles de basket. Bamako, Nouakchott, Ouagadougou, Niamey, Abidjan toutes ces capitales disposent d’un palais omnisports. La seule ville de Rabat au Maroc compte plus de 10 salles omnisports. Le Sénégal ne compte seulement que 3 salles de Basket dont l’une (stade Lat-Dior de Thiès), ne disposant pas de parquet. Le Sénégal est tellement en retard en matière d’infrastructures sportives qu’il ne pourrait pas abriter les jeux africains ou encore moins les jeux de la Francophonie. A Mbour, Kaolack, Louga, Ziguinchor, Saint-Louis, les stades qui y abritent les compétitions nationales de Basket-ball sont indignes d’un pays comme le Sénégal qui a un palmarès si étoffé. C’est pourquoi l’Afrobasket 2017 est une excellente opportunité qui occasionnera la réfection du stadium Marius, tant souhaitée par les acteurs du basket-ball sénégalais.
Si le Sénégal ne peut pas réaliser les travaux de rénovation du stadium Marius Ndiaye pour accueillir l’Afrobasket, il y’aurait raison de croire que nous n’avons plus d’Etat car celui bâti par Léopold Sedar Senghor se serait affaissé. Mais fort heureusement qu’il en est rien de tout cela. Le Sénégal a un Etat crédible et une administration qui fonctionne correctement. Et en plus il peut à tout moment compter sur la coopération étrangère s’il en serait besoin pour régler certaines situations urgentes. Il suffit d’une volonté politique pour réussir le pari de répondre positivement à l’appel de l’Afrique. Evoquer les élections législatives prochaines pour renoncer à accueillir l’Afrobasket serait de prêter à tort à nos institutions républicaines un caractère de fragilité par rapport aux joutes électorales et pourtant aux heures les plus sombres de notre jeune histoire, le Sénégal a été secoué mais a su résister. Le Congo et l’Angola sont certes dotés d’infrastructures sportives très modernes et des revenus pétroliers que le Sénégal n’a pas, mais le contexte qui règne dans ces pays n’est pas le même que chez nous. L’Angola, pays le plus titré en basket-ball masculin, qui pourtant a organisé en 1989 un Afrobasket en pleine guerre civile, ne peut pas en 2017 organiser cette même compétition tout simplement à cause d’élections en vue, L’Angola qui aujourd’hui accorde des crédits à son ancien colonisateur le Portugal n’a pas non plus de soucis financiers pour organiser un Afrobasket. Si aujourd’hui l’Angola s’est désisté, c’est parce que le climat politique y est vraiment lourd d’incertitudes avec l’éventualité de la succession du Président Dos Santos, Le Sénégal n’est pas dans ce contexte et la tenue prochaine des élections législatives ne doit nullement compromettre l’organisation d’une compétition sportive dans un pays habitué à des consultations électorales plus ou moins paisibles, malgré les polémiques et surenchères médiatiques des différentes formations politiques.
Ceux qui évoquent le délai très court de deux mois pour accepter un tel défi ne se rendent pas compte qu’une longue période de préparation ne garantit pas la réussite de l’organisation d’un événement sportif internationale. Et l’exemple le plus patent est la tenue des derniers jeux de la Francophonie à Nice où les délégations ont rencontré moult problèmes, d’hébergement, de transport et même de restauration. . Donc si la volonté politique est de mise, le Sénégal peut bel et bien co-organiser l’Afrobasket 2017 malgré les délais courts. Les ressources humaines nécessaires sont disponibles pour faire le travail nécessaire
Ne pas accepter de co-organiser l’Afrobasket 2017 n’est rien d’autre que de compromettre les chances du Sénégal qui, depuis 20 ans courre derrière la reconquête du titre. Et si la FIBA Afrique ne trouve pas de pays hôte pour organiser l’‘évènement, elle serait obligée probablement de le reporter au mois de Décembre 2017 pour trouver un pays organisateur et cela risquerait de poser d’énormes difficultés pour la libération de nos meilleurs joueurs qui sont en NBA et dans les ligues professionnelles européennes. En effet, à cette période, ces joueurs auront déjà repris leurs compétitions auprès de leurs clubs respectifs qui n’accepteraient pas de les libérer pour l’Afrobasket. Par ailleurs cet Afrobasket 2017 est un peu particulier car il sera le dernier de la série biannuelle. En effet, l’Afrobasket se jouera désormais tous les 4 ans ; ce qui veut dire que le prochain du genre n’aura lieu qu’en 2021. Et le Sénégal, fait partie des meilleures équipes qui peuvent prétendre gagner l’Afrobasket cette année. Donc il est tout à fait opportun de mettre toutes les chances de notre côté pour que la compétition ait lieu ce mois de Septembre. Par conséquent, renoncer à co-organiser l’Afrobasket serait contre-productif pour notre basket-ball national.
Et ceux qui pensent qu’il n’y aurait aucun intérêt sportif d’organiser juste des rencontres de poules à Dakar et le reste ailleurs, car le Sénégal n’aurait pas de difficultés majeures à se qualifier au second tour quel que soit le lieu de la compétition, ont tout faux. Le souvenir de notre difficile qualification à cet Afrobasket lors du tournoi de la zone 2 en Mars dernier en est la preuve que cette compétition est de haut niveau. Les équipes adverses sont de plus en plus fortes et se préparent mieux, donc aucune qualification n’est acquise d’avance. Et croire qu’il nous suffit d’avoir de bons joueurs pour garantir notre qualification pourrait être une erreur. Par contre avoir l’opportunité de jouer à domicile serait un réel avantage avec le soutien de notre public. En haute compétition les équipes qui, en général, arrivent à aller jusqu’au terme sont celles qui montent en puissance au fur et à mesure que la compétition progresse. La perte importante d’efforts physiques et mentaux dans le premier tour d’une grande compétition comme l’Afrobasket pourrait compromettre les chances d’une équipe. Le fait de jouer à domicile pourrait, par conséquent, permettre à notre équipe de mieux gérer les efforts pour la suite de la compétition. Avoir l’opportunité de jouer à domicile est donc une motivation supplémentaire pour les joueurs et un avantage considérable pour une équipe compétitive.
Sur le plan financier, le Gouvernement consentira certes des efforts pour l’organisation d’une telle compétition mais toutes ces dépenses, par effet multiplicateur contribueront à l’économie nationale. La demande étant le moteur de la croissance comme le disait si bien l’économiste John Meynard Keynes, les entreprises évoluant dans les services tels que le transport, l’hébergement, la restauration, les télécoms, les médias etc connaitront un regain d’activités. La durée de la compétition est certes très courte mais l’impact économique sera effectif dans des proportions gardées. L’organisation d’une compétition sportive internationale revêt toujours des enjeux économiques. Et le nouveau système de compétition qui sera mis en œuvre par la FIBA à partir de Novembre 2017, favorisera davantage le développement d’activités économiques autour du Basket-ball. Et cela passera par l’exposition médiatique des équipes nationales qui constituent la locomotive qui permettra de faire progresser la discipline sur le plan économique et social.
La vie d’une nation est rythmée par des événements politiques, culturels, sportifs économiques, sociaux etc qui se suivent de manière cyclique. Un Etat doit savoir prendre date avec ses populations, leurs donner l’occasion d’exprimer le sentiment d’appartenance à une même nation,. Le sport est un excellent moyen pour des citoyens de vibrer et de communier ensemble autour des couleurs nationales. Le tournoi de la Zone 2 qualificatif à cet Afrobasket 2017 qui a eu lieu à Dakar du 24 au 26 Mars a été d’intenses moments de ferveur populaire qui ont donné une vive .émotion. Et Antoine Mendy, l’arrière de l’équipe nationale déclarait dans la presse qu’il n’a jamais reçu autant d’amour. Un peuple a besoin de communier et ressentir un tel bonheur autour de son équipe nationale. L’Etat du Sénégal doit donc non seulement accepter d’abriter l’Afrobasket mais aussi de dégager tous les moyens possibles pour que le double défi de l’organisation et de la participation soit couronné de succès. Et ne pas le faire serait de fouler au pied la légende de nos valeureux champions et championnes qui ont inscrit le nom du Sénégal en lettres d’or sur tous les parquets d’Afrique. Refuser d’abriter cet Afrobasket 2017, serait d’oublier le rôle et la place du Sénégal dans le basket-ball africain. Le Sénégal a eu des encadreurs et dirigeants émérites tels que Serigne Lamine DIOP, Ibrahima DIAGNE, Mactar GUENE (Ancien Président de l’AFABA devenue FIBA Afrique), Abdoulaye SEYE MOREAU (qui a dirigé l’AFABA et FIBA Monde dont il est aujourd’hui Président Honoraire à vie et élu au Hall Of Fame de FIBA Monde). Ne pas accepter d’accueillir l’Afrobasket 2017 serait de dévaloriser le basket-ball sénégalais qui, au-delà de ses performances, produit un type de sportif exemplaire à l’image d’un Gordui, Sy DIENG, Maléye NDOYE, Xane DALMEIDA, Maurice NDOUR etc qui servent de modèles à offrir à la jeunesse sénégalaise qui en a tant besoin. Se désengager de l’organisation de cet Afrobasket 2017 serait de ramer en contre-courant du mouvement de l’histoire de notre pays qui s’est toujours distingué en Afrique par la noblesse et la hauteur de ses choix politiques car en réalité c’est de cela qu’il s’agit dire oui ou non à l’appel du pied de l’Afrique. C’est pour toutes ces raisons que tout le peuple sénégalais et en particulier le mouvement sportif, ose espérer que le Président de la République et son Gouvernement diront Oui et feront vite et bien. La FIBA Afrique de son côté doit revoir ses exigences à la baisse pour que tout le monde y gagne. Vive le Basket-Ball ! Vive le Sénégal ! Vive l’Afrique !
M. Ibrahima NIANG
Ibrahima.niang@hotmail.com
Membre Fondateur et Secrétaire Général
Médina Basket Association