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Boun Daouda Diop « voici pourquoi le Sénégal ne gagne pas… »


Rédigé le Samedi 30 Novembre 2019 à 11:49 | Lu 66 fois | 0 commentaire(s)


Dans un entretien accordé à nos confrères de Le Quotidien, le Directeur de la Haute Compétition du ministère des Sports, Boun Daouda Diop s’est longuement confié sur le sort actuel des athlètes sénégalais et surtout sur le domaine des Sports individuels.


Voici un extrait de l’entretien !
 
Parlons du sport individuel. Pourquoi nos athlètes ne gagnent plus ?

Alors là, je vais vous dire une chose et retenez-la. Aujourd’hui, nous ne pouvons pas briller dans le domaine des sports individuels parce que cela demande énormément de moyens que nous n’avons pas. Maintenant une médaille mondiale, c’est un produit fini de qualité. Il y a d’abord la matière première, nous l’avons. Nous avons des jeunes qui ont le potentiel, mais il faut les amener à l’usine : ce sont les infrastructures. Et dans cette usine, il faut des ressources humaines, financières, matérielles. Et nous ne les avons plus dans le domaine des sportifs individuels. A part quelques rares entraîneurs d’arts martiaux, nous n’avons plus d’entraîneurs qualifiés de haut niveau. Beaucoup de nos entraîneurs n’ont pas renouvelé leur licence. C’est donc un sérieux problème. Pour que l’athlète soit de haut niveau avec des performances de haut niveau, il faut non seulement un suivi technique, diététique, médical et un projet de vie. Nous n’avons pas aussi une politique de réinsertion. Par contre pour ce qui est du collectif, nous n’avons pas de problème. Au niveau du basket féminin comme masculin, du football, handball Dames, volleyball Dames, nous faisons partie des meilleurs en Afrique. Le rugby est en train de faire de grands pas. Maintenant, la seule solution au niveau individuel, c’est de mettre en place une gestion élitiste, c’est-à-dire choisir quelques athlètes dans certaines disciplines qui ont un fort potentiel en Afrique, les amener dans les meilleurs pays et les suivre. Mais s’ils restent au Sénégal, ils vont régresser.

C’est inquiétant quand on sait que le Sénégal va abriter les Jeux olympiques de la jeunesse en 2022…

Effectivement. D’abord pour Tokyo 2020, c’est trop tard. Pour ces Jeux, on n’aura pas plus de 5 qualifiés. Nous avions mis en place une politique de gestion de l’élite qui n’a jamais été appliquée, faute de moyens. Si les arts martiaux ne nous donnent pas des qualifiés, nous n’en aurons pas. Maintenant concernant les Jeux olympiques de la jeunesse de 2022, il y a deux aspects qu’il faut différencier. Il y a l’aspect organisation qui ne relève pas de nous. Et là, il faut comprendre l’esprit olympique. Le Sénégal abrite les Jeux, mais l’organisation appartient au Cio qui se donnera les moyens de réussir. Aucun problème à ce niveau, car le Cio va réussir ses Jeux parce que c’est un organisme qui ne donne pas de place à l’échec. Mais la participation sénégalaise incombe à l’Etat du Sénégal et particulièrement au ministère des Sports et aux Fédérations et non au Cnoss. Le Cnoss est un allié du Cio. La mission du Cnoss est de réussir les Jeux. Et pour cette participation sénégalaise aux Joj 2022, jusqu’à aujourd’hui, rien de concerté, de planifié n’est fait. Chaque Fédération, de manière individuelle, parle des Joj, mais en réalité il n’y a rien. Nous avions demandé à ce que 2019 soit une année de détection au plan national. On n’a pas eu les moyens de le faire. Nous l’avons reporté dans le premier trimestre de 2020. Nous devons au niveau national répertorier tous les jeunes qui ont un potentiel pour défendre valablement les couleurs du Sénégal en 2022. Durant le deuxième semestre, nous devons avoir des équipes régionales et en fin 2020, nous devons avoir les équipes nationales qui, durant 2021 et 2022, ne feront que sillonner le monde pour défendre les couleurs du Sénégal. Le programme a été défini depuis l’année dernière.

A combien est estimé le budget de préparation de nos athlètes pour les Joj 2022 ?

Nous avions estimé la détection à 500 millions Cfa et chaque année, il fallait mettre un milliard Cfa. Les Jeux Olympi­ques, c’est 204 Nations, 4 000 athlètes qui sont les meilleurs athlètes du monde. Aujourd’hui, au Sénégal, à part le football, nous n’avons pas une catégorie jeune dans une autre discipline qui a un niveau mondial. Le potentiel est là, maintenant, il faut dégager les moyens. On ne peut accueillir le monde sportif sans en contrepartie gagner des médailles.

Est-ce qu’on n’est pas en train de faire fausse route quand on met plus l’accent sur l’organisation que sur la participation de nos athlètes ?

Bien évidemment qu’on fait fausse route. Les infrastructures ne constituent même pas une priorité au niveau du Cio. Leur philosophie est de s’adapter aux réalités du pays sur le plan des infrastructures et non le contraire. Jusqu’à présent, je n’ai pas assisté à une rencontre où l’on parle de participation sénégalaise. Nous avons des pas de géant à faire pour ne pas être ridicules en 2022.
 
 
Le Quotidien
 



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