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Bira Sène, la grande interview : Le président du CNG sans langue de bois


Rédigé le Jeudi 30 Juin 2022 à 14:52 | Lu 241 commentaire(s)



Le président du CNG, Bira Sène accueilli, dans son bureau RECORD, mardi passé pour un entretien exclusif. Le patron de la lutte sénégalaise est revenu sur toutes les questions pendantes de l’arène. Du cas Évelyne Diatta, aux Jeux olympiques 2026, des sanctions à la VAR en passant par les mercredis de l’arène, le drapeau du chef de l’Etat et le Beach Wrestling. En attendant de revenir dans notre édition de demain, vendredi sur son élection à la tête du comité de la lutte africaine.
Entretien
Au mois de mai passé, vous étiez au Maroc avec l’équipe nationale du Sénégal pour les jeux africains. Vous êtes rentrés avec 5 médailles : 1 en Or, 2 en argent et 3 en bronze. Une satisfaction, n’est-ce pas ?
Oui. C’est une satisfaction. Au regard de l’effectif présenté, on est au-dessus des 60%. On a présenté 7 athlètes et les 5 ont décroché une médaille : une en Or, deux en argent et trois en bronze. Voilà ce que nous avons récolté au Maroc, à El Jadida. Ça a été une compétition très intéressante pour nous. Ça a été également un début pour certains de nos combattants. Puisque nous sommes en train de rajeunir l’équipe. Et on veut aller très loin dans ce chantier. C’est ainsi que Mamadou Diouf, qui évolue dans la lutte traditionnelle, qui est le socle de toutes les formes de lutte, a été amené avec nous. Mamadou Diouf, grâce ses performances, a été copté dans l’équipe nationale olympique depuis le mois de novembre. Et il a décroché une médaille d’argent. On va continuer à rajeunir l’effectif. Parce que l’équipe nationale n’est l’apanage de personne. C’est pour tous les Sénégalais qui veulent montrer leur talent et défendre les couleurs nationales.
Ce qu’on n’a pas compris, c’est l’absence d’Évelyne Diatta, lors de ces joutes, alors qu’elle est le coach de l’équipe nationale. Qu’est-ce qui explique son absence ?
Elle n’était pas au Maroc parce qu’elle n’a pas entraîné l’équipe. Logique pour logique, nous avons pris celle (Isabelle Sambou) qui était tous les jours avec les jeunes. Celle qui les entraînait, les entretenait. Celle qui venait rendre compte à la direction technique, au bureau national. On ne peut pas conduire, à une compétition internationale, une équipe qu’on ne maîtrise pas, qu’on ne connaît même pas, qu’on n'a pas entraîné. Et voilà les raisons, parmi tant d’autres, qui nous ont guidé à prendre Isabelle Sambou qui entraînait les jeunes depuis la préparation.
Est-ce que cela veut dire qu’Isabelle Sambou va prendre définitivement la place d’Évelyne Diatta ?
Non. D’ailleurs, nous avons changé la direction nationale. Il y a des entraîneurs qui sont nommés. Et dans la semaine, nous vous donnerons la liste des entraîneurs titulaires et adjoints nommés ainsi que les animateurs de salle. Il faut qu’on commence à optimiser les ressources de l’Etat. Le déplacement de l’équipe nationale est très coûteux. Et il ne sert à rien d’amener des enfants qui n’ont jamais fait de tapis. Des enfants sur qui on n’espère pas de médaille. Ou des athlètes qui sont malades et qu’il est sûr qu’ils ne monteront pas sur le tapis. On va optimiser les moyens. Et on va amener à chaque fois de besoin, des enfants sur qui nous compterons pour décrocher des médailles.
Vous nous permettez de rappeler le cas de Thiaka Faye qui était jusqu’au Maroc pour ensuite déclaré forfait à cause d’un surplus de poids….
Oui. Ce cas est arrivé. Thiaka Faye avait déclaré forfait pour un surplus de poids. Parce qu’au départ, son encadreur ne l’avait pas suivi comme il fallait. Sur place également, il n’a pas été suivi et bien entretenu. Nous avons pris connaissance de cela et nous avons tiré des leçons. Et ça fait partie des raisons pour lesquelles nous avons envoyé Isabelle Sambou au Maroc pour accompagner l’équipe avec des instructions très claires. À l’arrivée, nous avons tenu, au Maroc, une réunion technique avec les athlètes. Nous avons défini un calendrier de travail avec les athlètes. J’ai présidé cette réunion parce qu’il fallait que les choses rentrent dans la tête et des entraîneurs et des athlètes. On ne peut être un ambassadeur du Sénégal dans un pays sans pour autant montrer le pourquoi on est présent. On n’a pas badiné. Et on a donné la conduite à tenir.
Nous allons aborder le deuxième sujet de l’entretien. Le mercredi d’avant, vous étiez au CNEPS de Thiès. C’était quoi l’objet de cette visite ?
On était à Thiès la semaine dernière. Il y a quelques mois nous avions reçu à l’arène nationale tous les présidents du CRG et les directeurs techniques régionaux de lutte. C’était pour la relance de la lutte olympique dans les régions. À cet effet, nous avions donné des subventions aux régions pour la détection et le démarrage du travail. Donc, nous étions à Thiès pour constater le travail qui est en train d’être fait sur la détection, la formation des entraîneurs. Nous avions trouvé une équipe dynamique avec des enfants âgés de 6 à 17 ans. Le CNG veut relancer et développer la lutte olympique partout à travers le pays. Nous sommes en train d’étudier pour d’ici l’ouverture de la prochaine saison, organiser un championnat de lutte olympique. Et toutes les régions seront à Dakar. On est en train d’étudier ce projet.
Vous préparez également les Jeux olympiques de la jeunesse de 2026… ?
Oui. Et d’ici 2026, les enfants vont atteindre l’âge requis pour faire face aux JOJ 2026. Nous travaillons pour former des jeunes qui pourront dignement défendre les couleurs du Sénégal lors de ces JOJ. Le ton est déjà donné. Les régions vont travailler dans ce schéma. Et lors des championnats nationaux, nous allons faire la détection et la sélection nationale des lutteurs qui vont participer à ces JOJ. Et ils seront déjà pris en charge par le CNG.
Évoquons maintenant la lutte avec frappe. Il y a quelques jours, une personne a rendu l’âme à l’arène nationale, une désolation sûrement ?
Oui, c’est une grande désolation. Et nous présentons nos condoléances les plus émues à la famille éplorée. Nous sommes parties à Pikine pour présenter nos condoléances, mais nous étions reçus par une famille très croyante, apaisante, très équilibrée. Les discours que nous avons entendus étaient pleins de sens et qui révèlent également la grandeur de cette famille. Nous prions pour le défunt que Dieu l’accueille dans son paradis.
Suite à ce décès, le CNG a sorti une circulaire pour interdire toute sorte d’explosif… ?
Oui. Les fumigènes faisaient partie du décor dans les stades. Mais si un objet provoque une mort, il faut qu’on s’arrête et repenser l’objet. Nous aimons voir du monde à l’arène, mais nous voulons également que tout le monde en ressort très content. Mais si on note un décès, là, on s’arrête et prendre des dispositions pour empêcher que de pareilles situations ne se reproduisent. C’est à la suite de cela que nous avons sorti une circulaire pour interdire aux amateurs de venir avec des explosifs.
Malgré cela, des supporters sont venus avec des fumigènes le dimanche suivant. Est-ce qu’un problème de non-respect des règles ne se pose pas ?
C’est la société sénégalaise qui est comme ça. En tout cas, la majorité est en phase avec les interdits. Je reste optimiste. Tôt ou tard, la sensibilisation arrivera à bon port. Tôt ou tard, les jeunes comprendront que tout ce qui est dangereux doit être évité dans les lieux comme les stades et arènes. On ne va pas s’arrêter-là. Je ne vais pas démissionner. On va continuer à sensibiliser, à informer, à éduquer.
Il y a également le problème des blessures des lutteurs à quelques jours de leur combat… ?
Oui. Il y a un problème de blessure constaté, de déclaration de blessure ou la production de certificats médicaux. Nous sommes en train de réfléchir. Mais il faut que cela cesse. Il faut que quand un engagement est pris que ce dernier soit respecté jusqu’à terme. Cela dénote un manque d’encadrement, un manque de professionnalisme. Et nous essayer d’arrêter cela.
Le règlement interdit aussi deux lutteurs qui ne sont pas de la même écurie se fréquentent dans les vestiaires lorsque, l’un d’entre eux, à un combat. Mais on a vu Modou Lô, Gris Bordeaux, Eumeu Sène braver l’interdit sans être inquiété… ?
Le règlement dit précisément qu’il est interdit à tout lutteur de fréquenter un autre lutteur dans l’arène avec qui il ne partage pas la même écurie. Est-ce que les lutteurs que vous venez de citer l’ont fait ? S’ils l’ont fait, ils viendront répondre. Des lutteurs l’ont déjà fait et ils ont été sanctionnés. Le règlement le prévoit pour éviter le pire.
La VAR aussi est réclamée par les amateurs… ?
Nous sommes en avance sur le football. Depuis 2017, le CNG utilise la VAR. La VAR existe dans la lutte simple depuis des années avec les recours. Pour la lutte avec frappe, le verdict n’est pas immédiat et irréversible. Après chaque combat, les lutteurs ont 48h pour faire une réclamation. Nous pouvons faire aussi ce que les amateurs réclament. C’est-à-dire donné le verdict final après visionnage sur place. Mais pour cela, il faudra revoir le temps des combats, le temps des préparations mystique. Dans ce cas, il faut arrêter le combat, attendre la déposition du lutteur, visionner les vidéos avant de donner le verdict final. La VAR est possible, mais il faudra revoir le temps. D’ailleurs, nous sommes en train de finir le nouveau règlement. Il ne reste que la correction.
Le troisième point de l’entretien concerne le drapeau du chef de l’Etat. Diourbel a accueilli la dernière édition. Est-ce que la prochaine région qui va abriter la 23e édition est connue ?
D’abord, nous félicitons et encourageons la région de Diourbel qui a accueilli la 22e édition. Depuis Diourbel, Saint-Louis avait demandé à abriter la prochaine édition. Il y a également Kolda. Au-delà du CRG, le maire de Kolda a demandé à accueillir le tournoi. Sédhiou aussi s’est postulé. Un document nous a été parvenu disant qu’un de leur fils notamment Sadio Mané est prêt à participer à la 23e édition, si Sédhiou est choisi. Tout compte fait, désormais, pour désigner une région, il faut que l’autorité de la capitale régionale s’engage à accompagner le CNG.
Les mercredis de l’arène. Ça fait un moment, le CNG ne les organise plus. Le projet a été abandonné ?
On a un problème de moyen. Les mercredis de l’arène nécessitent des parrains, des sponsors. Et comme beaucoup de sociétés sortent de la crise de la covid-19 et font face actuellement à la crise de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, on est à court de moyen pour supporter le coût de nos projets. Mais nous allons changer de fusils d’épaule en gardant le projet. Nous allons vers la clôture de la saison le 15 août. Et la semaine qui suit le 15 août, nous allons faire un programme de clôture qui se fera en Beach Wrestling. C’est une forme de lutte qui s’apparente à la lutte sénégalaise. Les dirigeants mondiaux nous ont parlé pour demander d’avoir des arguments solides devant le comité olympique enfin que le Beach Wrestling soit accepté aux Jeux olympiques de 2028. La lutte olympique n’est pas une discipline africaine. Elle est importée. Alors que le Beach Wrestling est purement africain parce qu’elle se fait sur le sable. Le Sénégal fait de la lutte partout sur le sable. Le Sénégal ne connaît pas la lutte sur le tapis. Donc, si le Beach Wrestling est accepté aux Jeux olympiques, ce sera une chance de plus pour nous de décrocher une médaille olympique. Donc après le 15 août, vers le 21, 22, 23 août, nous comptons tenir les 72h, 96h de Beach Wresling au niveau de nos plages. Cela permettra de faire de la lutte sur les plages, mais également de montrer la beauté de nos plages tout en faisant la promotion de notre tourisme. Cela pourra mieux vendre la destination Sénégal. Nous allons travailler avec des partenaires qui pourront nous aider à avoir un résultat probant. Nous comptons réunir, au moins, 500 jeunes à cette compétition. Nous pourrons également inviter des pays frères qui viendront participer. Nous sommes en train de travailler sur la faisabilité et d’ici 10 jours, nous allons vous convier à une conférence de presse pour vous en dire plus.
Pour éviter le saccage de l’arène, certains pensent qu’il est mieux d’enlever les chaises. Êtes-vous de ces avis ?
Ce serait un recul. Je défendrais de toutes mes forces l’idée selon laquelle il faut maintenir les chaises telles qu'elles sont. D’abord, nous avions des arènes faites avec des « Kring Ting » puis avec du bois maintenant nous avons les chaises. Enlever les chaises serait un recul. Le stade Abdoulaye Wade a été récemment inauguré et personne ne pense enlever les chaises. Pourquoi les acteurs de la lutte penseraient à ça ? Conservons les chaises pour montrer que nous sommes autant où plus civilisés que les autres. La lutte est une discipline de chez nous. C’est le sport de chez nous.
Source : RECORD



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