Sofiane Diop « l’histoire qui m’a vraiment marqué est…»


Rédigé le Jeudi 28 Mars 2019 à 22:08 | Lu 83 fois | 0 commentaire(s)



Pour la première interview de sa jeune carrière, Sofiane Diop a choisi Onze Mondial. Comme pour ses débuts en Ligue 1, « Sossa » s’est montré aussi épatant que tranchant dans ses réponses. Celui qui vient tout juste de prolonger son contrat avec l’AS Monaco doit désormais confirmer les espoirs placés en lui.
 
Tu peux raconter ta pire connerie ?
Je me souviens d’une connerie à l’école. J’étais avec trois potes dans la cour. Et plus loin, il y avait un groupe d’élèves. Et on s’est lancés un défi : le but était de tirer sur ce groupe d’élèves avec un ballon sauf qu’on était loin. Tout le monde s’est loupé et moi, j’étais le dernier à tenter ma chance. J’ai tiré et le ballon a atterri dans la tête du prof (rires). Tout le monde savait que c’était moi parce que j’étais le seul à avoir un pied. Et du coup, j’ai eu de gros soucis. Cette histoire m’a vraiment marqué.
Pourquoi avoir refusé de signer pro au Stade Rennais ?
J’ai écouté les dirigeants du Stade Rennais et les dirigeants de l’AS Monaco. Et moi, je marche au feeling. Si les choses ne me conviennent pas, elles ne vont pas trop m’intéresser. À Rennes, je n’ai pas senti un très gros engouement à l’idée que je puisse signer un contrat pro. En fait, ils m’ont proposé un contrat pro pour me le proposer. Parce qu’ils ont vu que beaucoup de clubs étaient intéressés. Je ne les ai pas sentis à fond. Quand j’ai rencontré les dirigeants de Monaco, j’ai tout de suite senti un truc. Quand ils parlaient, j’avais envie de les écouter, car ils avaient un discours qui accroche. Le choix n’a pas été difficile.
Qu’as-tu ressenti au moment de signer ton contrat pro ? Même si j’imagine que tu t’y attendais…
Oui, je savais. Et pour moi, ce n’était pas le contrat le plus important. Moi, je voulais qu’on me remarque. Que mes proches et tout le monde puissent me voir à la télé (sourire). Je me disais : « À partir du moment où tu passeras à la télé, tu seras dans le concret ». Moi, je voulais du concret.
Vous vivez une saison difficile. Comment la vis-tu en tant que jeune ?
On va dire que c’est formateur. Mais franchement, c’est dur de vivre des séries de défaites. C’est vraiment compliqué. Tu te dis : « Je fais beaucoup de matchs mais je les perds ». Du coup, tu essaies de redresser la barre, mais quand ça ne veut vraiment pas, c’est difficile. On a pu le remarquer durant la première partie de saison. C’était vraiment dur. Pour moi, cette expérience est bien évidemment formatrice. Je me répète souvent : « Ce n’est pas parce que tu es jeune que tu ne peux rien faire pour changer les choses ». À certains moments, je me suis dit : « Là, je peux relever la tête de l’équipe ». Et au moment où je devais le faire, je n’ai pas été bon.
C’est vrai qu’à un moment donné, on a beaucoup parlé de toi car tu étais bon. Tu n’as pas supporté ce truc-là ?
Personnellement, tant que je ne me trouve pas bon, je n’aime pas qu’on me dise que je suis bon. Je me focalise beaucoup sur les stats. Et je n’en ai pas. Pas du tout même. On me disait que j’étais bon voire très bon, que j’étais le meilleur joueur sur le terrain, mais ça me faisait moyennement plaisir, car je n’avais pas marqué, je n’avais pas été décisif même si dans le jeu, j’avais beaucoup apporté que ce soit défensivement ou offensivement. Je pense qu’à un moment donné, cette atmosphère m’a un peu bouffé. Les gens attendaient beaucoup de moi, de mon côté, je pensais pouvoir assumer mais ce rôle de leader est très dur à assumer en l’absence des cadres du groupe qui étaient blessés.
Tu es exigeant envers toi-même, ça te rend malade parfois ?
Oui, bien sûr. À la fin de chaque match, je regarde tous mes matchs une fois à la maison et je les décortique. J’analyse toutes mes actions, tous mes ballons, tous mes déplacements… Parfois, je disais : « Là, c’est bien ce que j’ai fait » ou après une perte « Là, tu abuses, tu aurais pu faire beaucoup mieux ! ». Et même sur le terrain, en direct, tout de suite après une perte de balle par exemple, je me dis : « T’as pas le droit de faire ça ! ». Après, je me dis : « Allez, remets-toi vite dedans ». Je suis vraiment très exigeant avec moi. Allez, on va dire que je vais toucher 80 ballons par match, si j’en perds 10, je ne vais pas être content. Même si on va me dire : « Sofiane, tu as fait un très bon match ». Moi, je vais répondre : « Non, j’ai perdu 10 ballons et ça m’embête… ». Moi, je veux faire des matchs parfaits même si je sais que tout ne peut pas être bien. Je suis comme ça. Il faut que je travaille sur ça.
Tu sembles très attaché à tes parents. Vous débriefez les matchs ensemble ?
Oui. Évidemment, on parle moins des choses techniques, mais ils me donnent toujours deux-trois conseils. Par exemple, ma mère fait beaucoup attention à l’expression de mon visage sur le terrain. Quand je passe à la télé, elle me dit : « Souris plus ! ». Et moi je lui réponds : « Mais je n’y arrive pas, surtout que je suis en train de perdre, je n’ai pas envie de rigoler » (rires). Sinon, mon père est plutôt axé sur mon état d’esprit, il ne donne pas trop son avis sur le côté technique parce qu’il n’est pas forcément apte pour parler de ça, mais il parle beaucoup de mon attitude sur le terrain, de ce que je dois dégager et la “dalle que je dois avoir”. Quand ils me parlent, je les prends vraiment au sérieux et j’essaye de mettre en place leurs conseils pour les prochains matchs.
Tu te définis comme quel type de joueur ?
Quand je jouais à Rennes, on m’a toujours comparé à Yacine Brahimi. On me disait que j’avais le même style de jeu. Un dirigeant qui l’a eu en U19 et qui est encore à Rennes, il me disait toujours que j’avais la même mentalité que lui, que je réfléchissais comme lui lorsqu’il était jeune. Pour lui, j’ai la même mentalité et le même jeu. Je ne suis pas trop le championnat portugais, mais j’essaie quand même de m’inspirer de lui sans le recopier par contre. Je regarde aussi certains joueurs passés par Monaco comme Thomas Lemar, Bernardo Silva. Ils sont gauchers et je suis droitier, mais j’essaie d’analyser ce qu’ils font. Parfois, avant les matchs, je regarde des vidéos de Bernardo pour voir comment il garde le ballon, ce qu’il fait. Je me souviens qu’un jour, j’avais fait quasiment la même action que lui, c’était un dribble, et depuis un petit moment, je regarde des vidéos de lui avant les matchs, j’essaye de m’en inspirer un peu. J’aime bien.
Tu es petit de taille, penses-tu que ça puisse être un handicap pour toi ?

Non, vraiment pas. Regarde, le meilleur joueur au monde est petit, donc non. Je ne pense pas que ce soit un handicap dans le monde professionnel. De nos jours, c’est peut-être même un avantage parce qu’on a un centre de gravité plus bas, on peut aller plus vite dans les petits espaces donc je ne me fais pas de souci.
Et si tu avais été journaliste, quelle question poserais-tu à Sofiane ?
Je me serais posé la question : « Est-ce que tu es meilleur que Falcao ? » (rires).
Si tu devais terminer l’interview par une phrase qui te représente, tu dirais quoi ?
Il y a un dicton que j’aime, c’est : « Je ne perds jamais. Soit je gagne, soit j’apprends ». J’en ai une autre d’un rappeur : « La haine se transforme en dalle, et la dalle se transforme en réussite ». Quand tu as la dalle, tu as beau avoir plein d’obstacles sur ton chemin, tu ne réfléchis pas, tu fonces pour y arriver. Je pense que les meilleurs joueurs ont vraiment plus la dalle que les autres, ils ont vraiment envie de réussir.
 
Onze Mondial


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